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ET QUE SE TAISENT ENFIN LES PROPHETES DE MALHEUR
Alain LAMESSI
Les élections en République centrafricaine ? Ils avaient prophétisé l’harmaguédon. Ils avaient prédit le tsunami. Ils avaient dit que le pays serait à feu et à sang, que les sauvages de l’ex-Oubangui allaient s’entre-tuer avec des machettes et des grenades. Ils avaient anticipé que des villages entiers seraient incendiés, des milliers de maisons détruites et des hectares sur des hectares de plantations saccagées. Ils avaient prévu la disparition de la République centrafricaine de la carte d’Afrique et du monde. Le Nord se détachant du Sud, les Musulmans d’avec les Chrétiens. Ils avaient même déjà rédigé l’oraison funèbre avec l’éloquence gutturale d’outre-tombe. Ils avaient psalmodié des nuits durant des incantations pour que les frères détestent des frères, les sœurs détestent des sœurs, les oncles détestent des neveux, les neveux détestent les cousins, les ethnies détestent d’autres ethnies, les régions d’autres régions. Ils avaient tout fait pour opposer les Yakomas avec les Saras, les Bayas avec les Kabas, les Roungas avec les Goulas. Ils avaient programmé que la haine allait inonder les cœurs évacuant à jamais l’amour du prochain au point que les jeunes allaient détruire les vieux, les hommes les femmes, les enfants les nourrissons.
Que nenni ! Pas de coups de feu ou très peu. Pas de grenade ou très peu. Le bruit assourdissant des bulletins de vote dans les urnes nous ont empêchés d’entendre la déflagration de leurs armes, de sentir l’odeur de la poudre de leurs grenades. Le miracle s’est produit car Dieu Lui-même était au contrôle. L’amour a triomphé de la haine, l’unité de la division, la paix de la guerre. Les barrières illégales sur les routes sont tombées d’elles-mêmes. Les candidats, dès qu’ils le pouvaient, sont allés partout sur le territoire national pour défendre leur programme et convaincre des électeurs avertis qui ne se font plus compter. Dans la joie et la bonne humeur, avec fierté et dignité, le peuple centrafricain nombreux et debout est allé voter pour choisir librement et démocratiquement ses dirigeants. En rang et souvent pendant des heures mais toujours avec patience, chacun a pu accomplir son devoir citoyen. Le peuple centrafricain veut tourner définitivement la page de cette histoire tumultueuse qui n’a que trop bégayé depuis cinquante ans et oublier à jamais le cauchemar de toutes ces guerres inutiles qui ne sont pas siennes mais qu’il fait par procuration et qui n’a de cesse de le traumatiser.
De ces élections ne sortiront certainement pas des anges mais des hommes et des femmes qui auront à cœur de défendre l’intérêt du peuple centrafricain. Peu importe celui qui sera élu à la présidentielle du 30 décembre dernier. Nous serons tous derrière lui car plus rien sera comme avant. Le maître-mot sera : La République centrafricaine avant tout.
Ma prière en ce premier jour de l’année, c’est que Dieu bénisse abondamment la République centrafricaine et qu’Il veuille continuer ce qu’Il a déjà commencé.
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